Le conseil communautaire du Grand-Auch Coeur de Gascogne a délibéré jeudi dernier sur l'approbation du choix de l'aménageur de la ZAC de Naréoux, située à Auch ; il s'agissait de la dernière étape du processus de finalisation du projet, avant le début effectif des travaux.Depuis cinq ans, les élus écologistes se sont toujours opposés à ce projet, véritable non sens économique et environnemental. Leurs propositions de développement prenant en compte les enjeux du réchauffement climatique n'ont pas été examinées, tout comme leur demande de véritable concertation de la population.Nos élus écologistes ont voté contre cette délibération et trois se sont abstenus. Nous regrettons qu'une majorité d'élu.e.s se soient laissés séduire par des promesses d'emplois et de développement économique irréalistes, et aient engagé ainsi financièrement la collectivité pour la prochaine mandature. Nous dénonçons les tentatives véhémentes et vaines du chef de file du groupe "Auch au pluriel", proche de Renaissance dont le gouvernement recule sur la protection de l'environnement et le climat mettant en danger la vie sur terre, de vouloir museler l'expression démocratique de celles et ceux qui sont opposés à ce projet inutile. À l'heure des bilans, les élus qui ont soutenu cette ZAC auront à se justifier auprès de leurs successeurs et des habitants de l'agglomération.
Intervention du Groupe Europe Ecologie - Les Verts
Conseil d’agglomération Grand Auch-Coeur de Gascogne – 26 juin 2025
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les conseillers
Nous sommes arrivés à une étape clef du projet de ZAC à Naréoux, avec la désignation de
l’aménageur. Aussi, au nom des Ecologistes, je me permettrai une intervention plus longue que
l’habituel feuillet.
Le groupe Europe Ecologie – Les Verts n’a pas changé d’avis sur ce projet qui demeure un triple
non sens économique, écologique et environnemental. Nous ne pouvons que dresser un
constat : des alternatives existaient, comme l’agrandissement de la zone du Mouliot ; les
incertitudes financières, économiques et le coût environnemental du projet sont les mêmes ; le
volet économique est toujours privilégié par rapport au volet cadre de vie.
Les incertitudes financières se révèlent clairement pour ce projet qui nécessite un
investissement de plus de 11 millions d’euros sur dix ans.
Le premier appel d’offres qui prévoyait de laisser à charge de l’aménageur l’ensemble des
travaux concernant les voies et réseaux publics (création d’un giratoire, élargissement des voies
d’accès avec un nouveau carrefour, élargissement du passage à niveau...) n’ayant pas abouti, il
a fallu procéder à un nouvel appel d’offres auquel deux candidats ont répondu, dont un seul, le
groupe Hectare, présente les conditions minimum.
Alors que la délibération de juin 2024 spécifiait que cette opération ne coûterait rien à la
collectivité – donc aux contribuables - celle-ci doit s’engager financièrement à hauteur de 1,6
million d’euros, dont une cession foncière pour 1 euro symbolique équivalant à 1,4 million
d’euros et une participation de 200 000 euros pour la réalisation du giratoire.
Dans un contexte budgétaire contraint où l’épargne nette de l’agglomération a été divisée par
deux, où le gouvernement annonce une ponction de 5 milliards d’euros sur les collectivités
locales, où il a déjà été nécessaire d’accroître la ponction fiscale, l’agglomération peut-elle se
permettre de tels engagements financiers ? D’autant que d’autres investissements essentiels
pour les habitants, tels la réhabilitation de la piscine municipale attendent toujours !
Et qu’en sera-t’il ces prochaines années, alors que l’article 7-1 du Traité de concession
d’aménagement prévoit que « Le contenu et les conditions de financement de la présente
opération sont toutefois susceptibles d’évoluer à la demande de la communauté d’agglomération
ou sur proposition de l’aménageur » ?
Le Traité de concession d’aménagement reprend l’objectif de 1 550 créations d’emplois d’ici
2040, basé sur des simulations du SCoT et de l’INSEE d’ailleurs revus à la baisse depuis. Un
objectif ambitieux, mais irréaliste. Sur la base de 50 entreprises attendues sur la ZAC, cela
représenterait une moyenne de 31 emplois par entreprise. Pour mémoire, 93 % des entreprises
gersoises comptent entre zéro et quatre salariés. Il n’y aura pas que des nouvelles entreprises et
en cas de transfert d’entreprises déjà existantes, le gain d’emplois sera minime.
De plus, depuis 2021, la situation économique nationale continue de se dégrader, avec une
croissance économique proche de zéro, des taux d’intérêts toujours élevés, une baisse de la
consommation et une inflation qui perdure. Après la hausse des prix du gaz due à la guerre en
Ukraine, les conflits au Moyen-Orient annoncent une grande incertitude économique et la
hausse du prix du pétrole et de l’énergie. A tel point que certains économistes n’écartent plus
l’idée d’une entrée en récession.
Alors que le réchauffement climatique s’accélère et ne pourra plus être limité à une progression
de 1,5 degré, l’artificialisation de 17 hectares de terres agricoles est l’exact contraire des actions
de résilience à mener. La démarche environnementale mise en avant dans le Traité de
concession d’aménagement ne peut occulter la réalité, c’est-à-dire que la surface plancher pour
les bâtiments est d’au moins 7,5 hectares, auxquels il faut ajouter les stationnements et les voies
d’accès, le coût environnemental de l’ensemble des constructions et l‘aggravation du bilan
carbone dû à l’importante augmentation de la circulation.
Afin d’améliorer le cadre de vie et le bien-être des habitants, ce qui devrait être le but de toute
action publique, le bon choix aurait été de respecter nos engagements programmatiques, de
préserver les espaces naturels et agricoles autour d’Auch avec une véritable ceinture verte, de
constituer des réserves foncières pour de futures installations agricoles permettant un
approvisionnement local, de protéger la biodiversité et la ressource en eau.
Le faible niveau de concertation et d’écoute des habitants et en particulier des riverains - dont
on ne sait comment ils vont être traités et indemnisés le cas échéant – va à l’encontre du
nécessaire développement de la démocratie locale et de la forte demande des citoyens.
Alors même que ce conseil d’agglomération arrive en fin de mandat, pouvons-nous prendre la
lourde responsabilité de finaliser la ZAC de Naréoux et de laisser à nos successeurs la mise en
œuvre d’un projet discutable , coûteux et impactant qu’ils n’auront pas voté et sur lequel ils
auront été engagés par nous ? A l’heure des bilans, et alors même que nous approchons le
moment du renouvellement de cette assemblée, est-ce pertinent de poursuivre ce projet qui
engage durablement les finances de la collectivité et les prochaines générations ?
En conséquence, les élus écologistes ne voteront pas favorablement pour cette délibération.