Sivens : créer une mémoire qui nous fait grandir

Le drame de Sivens a laissé dans le Tarn une mémoire douloureuse. Un projet de barrage disproportionné, maintenu dans l’entêtement et par la force, a conduit à la mort d’un jeune homme Rémi Fraisse, alors que de nombreuses issues par le dialogue et la concertation étaient possibles.

Ce n’est pas ce choix que les autorités ont fait et elles ont toute leur responsabilité dans les violences qui se sont déroulés autour du chantier de construction du barrage. Aujourd’hui, nous avons l’obligation d’avancer, d’écrire une mémoire de ce drame qui nous permet de garder une conscience vive de l’enchaînement des événements, dans le respect des personnes qui ont lutté et souffert. Nous devons bâtir un projet de territoire qui associe et qui rassemble la population. Ce n’est pas avec la violence verbale, en prenant à partie M Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, par des « Qui est-ce qui a tué Rémi Fraisse sauf erreur? C'est pas moi? Non?» que l’on crée de l’apaisement. Ce n’est pas avec la violence symbolique, en conservant les tags faits il y a 3 ans au cœur de la crise par des opposants au barrage sur un mur de l’Hôtel de Département, et en y apposant une plaque officielle qui sanctuarise l’événement que l’on propose une vision de rassemblement pour construire l’avenir.

Nous avons le devoir aujourd’hui, pour nos enfants, de construire une mémoire commune, qui nous permette d’aller de l’avant, ensemble, loin des invectives et de l’esprit de revanche. Le retrait des tags et de la plaque qui l’accompagne pourrait laisser place à une œuvre d’art, commandée pour la circonstance. Nous en faisons solennellement la demande à M Carcenac. Les habitants du Tarn pourraient alors se réapproprier ce moment qui nous a collectivement échappé. La politique est toujours affaire de symbole, laisser la place au message de l’artiste permettrait d’envoyer ce signal de l’entrée dans l’après-Sivens. D’un point de vue législatif, les procédures de déclaration d’utilité publiques devront aussi être revues, car avec Notre Dame des Landes, le barrage de Sivens, l’autoroute Castres Toulouse …., on voit que des projets inadaptés, dangereux pour l’environnement, trouvent une justification légale, mais pas de légitimité sur le fond. Les députés EELV s’emploieront à engager ces changements, qui nous éviterons, c’est notre souhait, de nouveaux drames de Sivens.


La lettre adressée au Président du Conseil Départemental, Thierry Carcenac