Adapter notre agriculture et notre alimentation à la ressource... et non l’inverse!

Communiqué de presse EELV Midi-Pyrénées du 10/07/2023

Les premières restrictions d’eau commencent à s’appliquer Midi-Pyrénées, sur certains territoires. Malgré les pluies de ces dernières semaines,  les nappes souterraines restent en dessous des niveaux habituels en cette saison, conséquence d’un déficit pluvial qui s’est creusé sur près de un an et demi.

Quelle a été la réponse des pouvoirs publics ? 

D’une part, dès le mois d’avril, un appel au civisme de chacun, pour réduire de 10 % les prélèvements, et d’autre part, le conditionnement de la création de substitution pour les agriculteurs, à la mise en place de pratiques agroécologiques.

EELV Midi-Pyrénées regrette la faiblesse de ces annonces, au regard de la gravité d’une situation, appelée à se renouveler, et provoquer des conflits d’usage.

Ces ajustements conjoncturels ne sortiront pas le monde agricole de ses difficultés et ne préserveront pas des écosystèmes aquatiques déjà fortement dégradés.

Le changement climatique et ses impacts – augmentation de l’évapotranspiration des végétaux liée à l’augmentation de la température,  diminution d’au moins 30 % de la recharge des nappes en 2050,  est documenté.

Les scénarios les plus pessimistes du GIEC commencent à être envisagés, alors que des étiages très sévères ont asséché nos rivières en plein cœur de l’hiver.

Pour EELV Midi-Pyrénées, construire de nouvelles réserves d’eau, mettre en place de nouvelles réserves de substitution, hors sécurisation de la production en eau potable, retarde les changements plus profonds qu’il convient d’accompagner, pour que la production s’adapte aux ressources disponibles, et non l’inverse. Ces changements supposent d’interroger l’ensemble de notre système agricole et alimentaire, et de promouvoir activement le développement de nouvelles filières moins exigeantes en eau, notamment en été.

L’élevage est l’un des secteurs qui prélève et consomme le plus d’eau en France. La production de maïs et de céréales destinés à l’alimentation des cheptels en France consomme 60 % de l’eau dédiée à l’irrigation. Sortir progressivement de cette dépendance à une eau rare et précieuse est un impératif. Le risque est sinon important de voir les conflits d’usages s’aggraver, et les agriculteurs tomber dans une grande vulnérabilité.

Certains agriculteurs ont commencé à intégrer ces nécessaires évolutions. Les surfaces en maïs irrigué se réduisent depuis quelques années, de 10 à presque 20 % selon les secteurs, y compris en Midi-Pyrénées, au profit de nouvelles cultures. Cette évolution doit être accompagnée, et confortée.

EELV Midi-Pyrénées demande également que soient déterminés les bénéfices de long terme d’une végétalisation progressive de notre alimentation.

Certains travaux prospectifs, estiment que les besoins d’eau d’irrigation en été pourrait être divisés par 2, si chacun de nous réduit sa consommation en protéines animales, avec en prime une réduction  de la vulnérabilité de notre agriculture au changement climatique.

La question de l’eau a aussi sa boite noire, celle de toute l’eau – industrielle, agricole – que nous importons sous forme de produits manufacturés, ou de productions agricoles, de pays qui pourraient un jour, manquer d’eau… EELV demande que cette question de l’eau « importée » soit également anticipée, une crise de l’eau pouvant en cacher une autre.

NB : Pour leur refroidissement, les centrales nucléaires prélèvent d’énormes quantités d’eau, qui sont en partie restituées au milieu. Elles représentent autant de prélèvement en été que le secteur agricole toute l’année.