Une “voie verte” à la place de la ligne de train Rodez - Sévérac-d’Aveyron ? Un non-sens écologique et économique !

Dans un courrier adressé le 15 janvier dernier à Carole Delga, présidente de la région Occitanie, 8 élus Aveyronnais proposent de transformer la voie ferrée entre Rodez et Sévérac-d’Aveyron en “circulation douce”. Ces élus, bien silencieux depuis 2017 sur la nécessité de rouvrir la ligne, présentent le projet comme “une alternative respectueuse de l’environnement” pour “attirer des adeptes toujours plus friands de tourisme vert”. Pour Les Écologistes, cette proposition est un non-sens écologique et économique.

Après des décennies de sous-investissement de l'État dans les 44,7 km de voie ferrée entre Rodez et Sévérac-d’Aveyron, le trafic a dû être suspendu en décembre 2017. Le Conseil Régional d’Occitanie s’était alors engagé à réhabiliter cette ligne à l’issue des États Généraux du Rail, des Infrastructures et de la Mobilité. Pourtant, Carole Delga a récemment annoncé suspendre le projet de réouverture de la ligne, justifiant cette décision par les nombreuses coupes budgétaires imposées par le Gouvernement. Ce choix politique est incompréhensible. Pour autant, Les Écologistes sont conscients des difficultés budgétaires que traversent nos collectivités et appellent l’État à prendre ses responsabilités. L’offre ferroviaire ne cesse de se dégrader en France. Aujourd’hui, 28 000 km de lignes ferroviaires sont exploités contre 32 000 en 1999. En 2023, l’État français n’a investi que 51€ par personne dans le train, contre 103€ en Italie ou 124€ en Allemagne.

Nous le disons fermement, la suspension du projet de réouverture de la ligne ne doit pas entraîner son abandon définitif. Le train est un moyen de transport sûr, écologique et économique qu’aucune voie de circulation douce ne pourrait compenser.

Un non-sens écologique

Les données de l’ADEME sont claires, voyager en train est jusqu’à 50 fois moins émetteur de gaz à effet de serre qu’un voyage en voiture. De même, le transport de marchandises par le rail est 14 fois moins émetteur que le transport par la route. Ainsi, transformer la voie ferrée en voie verte est un non-sens écologique qui ne répond pas aux objectifs climatiques de baisse des émissions de gaz à effet de serre.

En effet, lorsque la régularité de la desserte est garantie (fréquence et amplitude horaire), le train entre Rodez et Séverac permet de se substituer aux transports individuels et de réaliser les trajets du quotidien (travail, loisirs, école…). Jusqu’en 2017, cette ligne permettait également de transporter des marchandises grâce au fret ferroviaire et de réduire le nombre de camions sur les routes de l’Aveyron.
Jean-Luc Calmelly, président de l’Agence de l’attractivité et du tourisme de l’Aveyron, nous invite à “imaginer des touristes qui arrivent à la préfecture par le train et qui poursuivent leur périple à vélo”. Mais si cette voie ferrée est remplacée par une voie verte, qui fera 90km de vélo aller-retour pour aller au travail ? Entre une voie verte pour quelques touristes et un train pour les mobilités quotidiennes des Aveyronnais, Les Écologistes choisiront toujours le train !

D’ailleurs, plusieurs associations dont l’Association Française pour le Développement des Véloroutes et Voies Vertes et la Fédération Française de Cyclotourisme ont signé une charte dès 2006 sur le sujet. Dans cette charte il est écrit noir sur blanc : “Si une voie ferrée est susceptible d’être réutilisée pour un usage ferroviaire elle ne doit pas être transformée en Véloroute ou Voie Verte”.

Un non-sens économique

La ligne ferroviaire Rodez - Sévérac-d’Aveyron - Millau favorise les flux économiques et touristiques en reliant les deux principales villes de l’Aveyron. Ce tronçon ferroviaire présente également un enjeu régional majeur. Il s’agit d’un maillon essentiel pour les relations Toulouse-Mende et Figeac-Rodez-Béziers/Montpellier. Situés au cœur de l’Occitanie, ces 44,7 km de voies ferrées permettent de relier des préfectures, des sous-préfectures et des métropoles. Pouvons-nous douter de l’intérêt d’une telle connexion ferroviaire ?

Les élus signataires du courrier soulignent les avantages touristiques d’une voie de circulation douce. Or, le train est un acteur incontournable de l’écotourisme qui favorise l’intermodalité (espaces vélos dans les trains), offre un large choix de destinations et permet l’accessibilité du territoire à tous les publics. Pour développer le tourisme dans tout le territoire Aveyronnais, il est nécessaire de proposer une offre de transports en commun fiable et de qualité.

D’autre part, le fret ferroviaire présente un potentiel de développement économique et industriel non négligeable. En effet, la zone industrielle d’Onet-le-Château et Rodez Engrais SA bénéficient déjà d’embranchements ferroviaires. Le plateau de la gare de Sévérac-d’Aveyron présente également de larges surfaces facilement embranchables. L’agro-alimentaire, l’agriculture, l’industrie ou le bois sont autant de secteurs économiques Aveyronnais qui pourraient en bénéficier. D’autant plus que l’Aveyron pourrait être connecté aux ports de Sète et de Port la Nouvelle grâce à la ligne Béziers-Neussargues. Ainsi, en matière de désenclavement, d’attractivité et de bénéfices économiques, les avantages de la ligne ferroviaire sont nettement supérieurs à ceux d’une voie verte.

Les Écologistes appellent la région Occitanie, le département de l’Aveyron et l’État à prendre leurs responsabilités dans l’intérêt du territoire et de ses habitants. Nous pouvons bâtir un projet structurant pour l’Aveyron, n’abandonnons pas la ligne de train Rodez - Sévérac-d’Aveyron !