[A69] Lettre ouverte à Mme Carole Delga, Présidente de la région Occitanie
Communiqué de presse d’EELV Tarn – 04/10/2023
Madame La présidente,
Mardi 3 octobre, vous avez reçu, ainsi que trois représentants du ministère des transports, les collectifs "La Voie Est Libre" et le "Groupe National de Surveillance des Arbres". Leur demande était d'ouvrir un espace de médiation afin d'examiner les propositions alternatives à l'autoroute, et suspendre les travaux en cours, pendant ce moment de discussion.
Mme Delga, votre réponse n'est pas à la hauteur du moment où 15 personnes sont en grève de la faim depuis plusieurs semaines, et bientôt 3 personnes en grève de la soif à partir de lundi.
Vous vous dites préoccupée par leur état de santé, mais vous fermez la porte à toute discussion sur une proposition de médiation.
Vous réaffirmez votre soutien au projet d'autoroute entre Castres et Toulouse malgré toutes les alertes scientifiques et les avis défavorables des enquêtes publiques et environnementales, ainsi que la mobilisation massive d'habitant·es des villages concernés par le tracé, d’associations, collectifs et personnalité·e·s politiques et scientifiques.
Vous faites abstraction des études scientifiques de l'université Champollion qui démontrent que le territoire du sud Tarn n'est, non seulement pas enclavé, mais qu'une autoroute absorbe les emplois vers la Métropole, comme c'est déjà le cas ailleurs.
Vous balayez d'un revers de mains l'appel des 1500 scientifiques et des 200 scientifiques toulousains.
Non, Mme la présidente, tous les recours n'ont pas été purgés, certains sont encore en cours auprès du tribunal administratif.
Vous affirmez : "Il n’existe aucune autre alternative crédible pour désenclaver les 150.000 habitants du sud du Tarn, très largement favorables au projet", Vous n'apportez aucun élément factuel sur la consultation des habitants.
Vous n'argumentez sur aucun des axes du projet alternatif, pourtant extrêmement nourris et documentés par les collectifs. Vous n'apportez pas la preuve que les alternatives ont été examinées. Il faudrait commencer par là !
Sur l'adhésion des tarnais·es au projet dans un contexte d’inflation et de perte de pouvoir d’achat, combien sont d'accord pour payer un péage très onéreux en plus des impôts supplémentaires nécessaires au financement du projet alors que le projet alternatif propose l'amélioration de la route existante, moins couteuse et gratuite pour les usagers avec tout un projet écologique et économique? Comment les Tarnais·es pourraient-ils être favorables à la destruction de terres agricoles alors qu'avec la guerre aux portes de l'Europe, la question de la sécurité de l'approvisionnement alimentaire est devenue prégnante? Comment les Tarnais·es pourraient ils accepter que les contournements gratuits des villages deviennent payants, ramenant ainsi du trafic dans ces villages au mépris des conditions de vie des habitants. Si les bonnes questions sont posées aux Tarnais·es, ils sont logiquement contre cette autoroute.
Vous mettez en avant la sécurité d'une route payante, alors qu'il suffirait d'améliorer la nationale existante. Il y a là un paradoxe, où il y aurait une route payante sécurisée et une nationale qui redeviendrait accidentogène sans les contournements des villages déjà construits.
Vous n'appelez pas à l'ouverture d'une médiation demandée par les collectifs en lutte, mais au contraire, vous les invitez à participer à un groupe de travail pour un projet contre lequel certains mettent leur vie en jeu.
Vous les humiliez, c'est de la provocation.
Vous proposez des cars à hydrogène qui prendraient l'autoroute, en concurrence avec le ferroviaire, au lieu d'améliorer les voies de chemin de fer qu'il serait nécessaire de doubler à certains endroits et d'améliorer le cadencement quitte à envisager l'électrification de la ligne. Un services express d’autocars sur l’A69, à bas prix n'existe pas. Il sera à prix fort pour les impôts des Occitans car il faudra payer le concessionnaire de l'A69.
Non, Mme la présidente ! L’avenir ne passera pas par plus de projets routiers, dans le contexte du changement climatique, mais bien par une sobriété et la préservation des espaces naturels et des transports collectifs à la mesure des usages partout sur le territoire.
Vous nous proposez un modèle de société d'un autre siècle et un déclinisme sanitaire et social pour la population. Nous avons besoin de terres agricoles pour une alimentation souveraine et de proximité. Nous avons besoin de respirer un air sain et de diminuer les trajets maison/entreprises. C'est le contraire que vous proposez, en éliminant des terres agricoles au profit du bitume et en privilégiant l'éloignement des personnes vers la métropole.
Vous vous honoreriez Mme la présidente, en appelant à une médiation pour examiner les projets alternatifs et faire cesser les grèves de la faim. Vous vous grandiriez en acceptant de renoncer à ce projet climaticide et en ouvrant la possibilité d'un autre projet acceptable par la population locale, gratuit et sécurisé.
Nous continuerons à rester solidaires des collectifs en lutte et des grévistes de la faim.
Nous appelons à la raison d'urgence pour que le dialogue s'installe véritablement, condition sine qua non à l'arrêt de la mise en danger des vies des grévistes de la faim.
Il en va de votre responsabilité politique et personnelle.
EELV Tarn
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Lire le courrier de Carole Delga à la suite de la rencontre avec les collectifs le 4 octobre 2023.