Sivens : que les responsables politiques démissionnent
Les mots sont-ils trop forts ? Exiger la démission des responsables qui ont conduit, en toute illégalité, aux drames de Sivens. Le tribunal administratif de Toulouse a jugé le 1er juillet 2016 que la construction du barrage de Sivens était illégale. Pourtant, refusant tout dialogue avec les citoyens opposés, par le passage en force et l’utilisation de la force publique au nom de « l’intérêt général » et de « l’Etat de droit », ces responsables locaux ont bâti un projet illégal. Comment ont-ils pu recueillir autant de soutien de la part de gens responsables, membres de la Fnsea, des chambres consulaires, association des maires du Tarn, élus, ministres… ? Qu’est-ce qui ne fonctionne plus dans notre démocratie pour que la défense de la légalité ne trouve pas d’autre issue que l’occupation illégale mais légitime d’une zone à défendre (ZAD), devenue nécessaire pour que le cynisme soit contrecarré. Qu’on ne perde pas la mémoire. Ignorant les contre-expertises des opposants au barrage, les élus départementaux, à l’exception de trois d’entre eux, ont voté pour ce barrage surdimensionné et sans utilité publique. Méprisant les avis défavorables des scientifiques, des experts nationaux et même du service de l’Etat chargé de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA), la zone humide et ses 94 espèces protégées ont été massacrées pour éviter tout retour en arrière. Rejetant les accusations de répression disproportionnée portées par les députés écologistes Cécile Duflot et Noël Mamère le 20 octobre 2014, les représentants de l’Etat ont ordonné aux gendarmes de tenir à tout prix une position digne d’aucun intérêt, ce qui a conduit à la mort d’un jeune homme pacifique, Rémi Fraisse, quelques jours plus tard. Aujourd’hui, la colère est grande car toutes les alarmes ont sonné mais aucune n’a été entendue. Mais il nous faut inexorablement nous tourner vers l’avenir et construire le projet de territoire du bassin du Tescou car c’est par la concertation que tout doit commencer. Il s’agit de mettre en place une gestion économe de l’eau, un meilleur modèle économique et agronomique de l’agriculture, mais aussi une réconciliation nécessaire entre les habitants du territoire. A une seule condition, que le responsable local de ce dramatique passage en force, Thierry Carcenac, président de conseil départemental, ne soit pas l’artisan de la construction du nouveau projet. Il est totalement décrédibilisé, il en est même devenu l’obstacle emblématique. C’est pour cela, et c’est un minimum, qu’il doit quitter ses fonctions. Ses soutiens prendront leurs responsabilités. Les élus ne sont pas propriétaires de leur mandat, le renouveau sera la condition du salut.