[REGION] À Toulouse, la lutte pour l’eau rejoint celle contre l’A69

Article de Justin Carrette pour Reporterre - Publié le 25 septembre 2023

Face aux gravières qui menacent l’eau d’Ariège et l’A69 dont la construction requiert leurs matériaux, des manifestants sont arrivés à Toulouse en canoë, dimanche 24 septembre.

« Bientôt plus d’eau potable, mais de belles autoroutes. » Ce dimanche vers midi, sur l’île du Ramier à Toulouse, une cinquantaine de personnes patientent, perchées sur la passerelle de la Poudrerie. Quelques minutes s’écoulent avant d’apercevoir la flotte de sept canoës et kayaks qui glissent sur la Garonne, harnachés de grands drapeaux. « Ni A69, ni gravières », peut-on lire sur l’un deux. Sur la passerelle, le comité d’accueil donne de la voix pour supporter les derniers coups de pagaie.

Parties jeudi de Saverdun en Ariège, les embarcations ont rejoint Toulouse ce dimanche dans le but d’alerter la population et les pouvoirs publics sur la situation de la nappe phréatique ariégeoise. Cette ressource en eau est menacée par les nombreuses gravières du département qui extraient plus d’1,4 million de tonnes de granulats chaque année.

Sur la berge, les prises de paroles s’enchaînent pour témoigner de la problématique des gravières en Ariège, mais également pour rappeler le lien avec d’autres luttes, notamment celle contre l’A69. La construction de l’autoroute entre Toulouse et Castres va en effet nécessiter l’extraction de 2,6 millions de tonnes de granulats.

« S’il n’y a pas de gravières, il n’y a pas d’autoroute »

« C’est simple, s’il n’y a pas de gravières, il n’y a pas d’autoroute », lance Agnès Leclerc, membre du collectif Stop Gravières. « On extrait déjà 1,4 million de tonnes de granulats par an des gravières en Ariège, l’autoroute nécessite donc quasiment deux années complètes d’extraction. »

Ce projet autoroutier, comme celui de la Ligne à Grande Vitesse Bordeaux-Toulouse, repose sur l’exploitation massive des carrières. « Ce sont des projets qui ne bénéficient même pas au territoire », poursuit Agnès Leclerc, « il n’y a aucune retombée pour nous si ce n’est la destruction et la pollution de la nappe phréatique. »

Pour Alice Carret et Régis Godec, tous deux cosecrétaires régionaux à Europe Écologie-Les Verts,

on nous vend le développement économique du bassin castrais pour justifier l’A69, mais la réalité c’est que la construction de cette autoroute va nécessiter l’exploitation accrue des gravières ariégeoises, en causant de nombreux préjudices à ce territoire. On développe un territoire pour en sacrifier un autre, cela n’a pas de sens »

Le Schéma régional des carrières prévoit l’extension, le renouvellement et la création de nouvelles carrières en Occitanie, explicitement pour assurer la réalisation de grands projets comme l’A69 ou la LGV Bordeaux-Toulouse. Une situation alarmante pour les militants ariégeois, qui dénoncent les nombreux effets néfastes des gravières tels que l’artificialisation de terres agricoles, l’évaporation de l’eau, la pollution de la nappe, les ballets incessants de camions, etc.

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Alice Carret et Régis Godec, co-secrétaires d'EELV Midi-Pyrénées