[National] Projet de l’A69: déraison d’Etat

Communiqué de presse du 25/10/2023

Les écologistes opposés au projet d'autoroute A69 entre Toulouse et Castres se sont réunis le week-end du 21 et 22 octobre pour une manifestation studieuse, familiale et festive d’ampleur sous le slogan “Ramdam sur le macadam”. La manifestation était autorisée par la préfecture et 1600 agents des forces de l’ordre ont été mobilisés.

Les Écologistes - EELV dénoncent le déploiement soudain des forces de l’ordre ainsi que l’usage disproportionné de la force le dimanche sur le site de la Crémade, alors que le rassemblement se déroulait dans le calme.

La veille plus de 10 000 personnes s’étaient rassemblées de façon non-violente. Des tirs de grenades lacrymogènes ont provoqué plusieurs départs de feu dans une zone fortement touchée par la sécheresse. Au-delà de la mise en danger des personnes présentes dans le champ privé à côté, notamment des familles avec enfants ainsi que les scientifiques donnant une conférence, une trentaine de personnes ont été blessées, dont Thomas Brail, évacué sur une civière. Nous leur souhaitons un prompt rétablissement.

Clément Beaune, ministre en charge des transports, a repris les chiffres erronés de la préfecture du Tarn sur la participation au rassemblement et, une nouvelle fois, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin dénonçant des “violences inouïes” a tordu la réalité des faits et tenté de criminaliser les mouvements écologistes, afin d’atteindre leur crédibilité.

Or, en posant un regard contemporain sur le projet de l’autoroute A69, vieux de plus de 30 ans, l’abîme est terrible et la raison fait défaut tant du côté d’Emmanuel Macron et de son gouvernement que de la Présidente de région Carole Delga.

Ce projet apparaît aujourd’hui comme un grand projet inutile, alors qu’une route nationale parallèle au tracé de l'A69 existe déjà ainsi qu’une ligne de train Castres Toulouse.  Il est également injuste socialement. Dans un contexte de pouvoir d’achat dégradé, cette autoroute au péage onéreux (17 euros aller-retour) nécessitera de plus des subventions publiques pour compenser sa très faible utilisation.  Il est enfin à contre emploi de la planification écologique et écocide. Plus de 300 hectares de terres agricoles seraient artificialisées, plusieurs centaines d’arbres abattus et les habitants des communes de Villeneuve-lès-lavaur et de Puylaurens craignent les pollutions et les émissions de CO2 liées à la mise en place sur leurs communes de deux usines d'enrobage de bitume.

Le 4 octobre dernier, dans une lettre ouverte, plus de 2000 scientifiques, dont plusieurs auteurs du GIEC, appelaient Emmanuel Macron à y renoncer, rappelant que développer le transport routier va à l’encontre des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, rappelant également que les arbres centenaires ne sont pas remplaçables, et que les surfaces agricoles fertiles seraient définitivement perdues, tout comme  les zones humides terrassées et asphaltées.

De même, il convient de rappeler que l’ensemble des recours n’ont pas été purgés ; ainsi le recours contre l’autorisation environnementale de l’autoroute, certes malheureusement non suspensif, n’a pas encore été jugé par le tribunal administratif de Toulouse. Les requérant.es contestent la raison impérative d'intérêt public majeur, ainsi que l'absence de recherche de solutions de substitutions.

L’ignorance des connaissances scientifiques, des recours existants et des positions de la population locale relève d’un climato-cynisme d’État (82 % des habitant.es du Tarn et de la Haute Garonne souhaitent un référendum sur l’A69, dont 61 % rejettent le projet selon un sondage IFOP). Éviter l’irréversible, ne pas nuire au vivant et au climat, devraient être la priorité de toute politique publique.

Encore faut-il que l’intérêt général prévale, ce qui n’est pas le cas en l’espèce. La raison commande un moratoire.

Aminata Niakaté et Sophie Bussière, portes-paroles